Lafcadio Hearn, le plus irlandais des écrivains japonais

Un peu de littérature aujourd’hui avec un auteur japonais d’origine irlandaise de la deuxième partie du XIXème siècle : Lafcadio Hearn. Revenons sur sa vie, son œuvre. Pourquoi est-il venu au Japon ? Pourquoi s’est-il naturalisé ? Quels thèmes abordent ses écrits ?

Lafcadio Hearn

Patrick Lafcadio Hearn est né en Grèce sur l’île de Leucade, d’où il tire son deuxième prénom, d’un père irlandais et d’une mère grecque. Il fut élevé à Dublin par sa tante suite au divorce de ses parents. Il perdit un œil à l’âge de 13 ans et fût rejeté par sa famille. Il vécu ensuite à Londres et à Paris. À 19 ans, il part travailler à New York en tant que journaliste et découvre la culture japonaise grâce à l’ambassadeur du Japon de l’époque en 1869 alors que l’ère Meiji (1868-1912) vient de commencer. C’est l’époque où le Japon est l’objet de toutes les curiosités en occident notamment dans le milieu artistique.

Lafcadio Hearn est invité par son ami l’ambassadeur au Japon où il débarque à Yokohama en 1890. Il y sera journaliste pour la presse anglophone puis deviendra traducteur. Il rencontre Koizumi Setsu, fille d’un ancien samurai, qu’il épouse en 1896. Il prend alors un nom japonais : Koizumi Yakumo (小泉八雲). Je croyais que Yakumo était un prénom féminin mais à priori c’est mixte. C’est à partir de cette période que Lafcadio Hearn commence à écrire sur le Japon et sa culture. Cette période de sa vie est assez courte puisqu’elle dure de 1896 à 1904, date de sa mort. Le judo fût introduit aux États-Unis d’Amérique par Lafcadio Hearn qui réussit à convaincre son ami le président Roosevelt d’inviter un émissaire de cet art martial. Il vécu à Kôbe, Matsue et Tôkyô où il s’éteint en 1904. Il fût enterré selon les rites bouddhiques. Il est possible de visiter sa maison à Matsue dans la préfecture de Shimane qui fait face à la mer du Japon.

Kwaidan de Kobayashi Masaki (1964)

De nombreux hommages ont été rendu à ce personnage singulier autant dans la littérature qu’au cinéma. Je pense par exemple aux manga « Au temps de botchan » de Taniguchi Jirô et « NonNonBâ » de Shigeru MizukiLafcadio Hearn fait son apparition. Le film « Kwaidan » de Kobayashi Masaki est inspiré de l’oeuvre la plus connue de l’écrivain : Kaidan (怪談) qui est un recueil d’histoires de fantômes comme son nom l’indique. Il souhaitait remettre au goût du jour d’anciennes histoires méconnues des étrangers et même des japonais telle que celle de « Hôichi sans oreille » ou miminashi Hôichi (耳なし芳一).d Ce recueil comporte également des recherches entomologiques à la fin. Le dernier chapitre décrit la vie nippone de l’auteur des yeux de sa femme. Kaidan est disponible librement en anglais sur le site Gutenberg ainsi que d’autres œuvres de l’auteur.

En effet, l’écrivain est surtout connu pour avoir écrit sur les monstres du folklore japonais, plus communément connus sont le nom de yôkai (妖怪). Ces esprits peuvent être maléfiques comme bénéfiques même si la plupart est plutôt nourri de mauvaises intentions. Ce n’est donc pas étonnant qu’un hommage soit rendu à Lafcadio Hearn dans un manga de Shigeru Mizuki lui aussi passionné de yôkai. Ce dernier d’ailleurs a écrit le dictionnaire des yôkai en deux tomes (de A à K et de M à Z – pas de L puisqu’il n’y a pas de L en japonais). J’y ai fait récemment plusieurs recherches sur certains de ces monstres : Kudan, Tsukumogami

6 réflexions au sujet de « Lafcadio Hearn, le plus irlandais des écrivains japonais »

  1. Un auteur à lire à tout prix quand on est amateur de culture japonaise et de littérature! C’est quelqu’un de véritablement respectueux envers le peuple japonais, un auteur passionné et passionnant! Ses histoires de monstres et démons sont étonnantes.

    J’adore pour ma part son petit livre « Ma première journée en Orient ». C’est le regard émerveillé d’un homme qui découvre le Japon aux débuts de sa réouverture à l’Occident. Il témoigne à la fois de choses qui ont disparues, mais aussi de choses qui nous frappent car elles semblent toujours être les mêmes de nos jours. Très surprenant!

    1. À l’origine j’avais acheté Kaidan tout à fait par hasard puisque le titre (« histoire de fantômes ») m’avait plu et puis finalement j’ai découvert que l’auteur était Lafcadio Hearn ce grand voyageur.

      Dès que j’aurais du temps et de la place sur ma liste de livres à lire, j’essaierai de me plonger dans « ma première journée en Orient ». Rien que le titre donne envie ! Si l’on considère que Lafcadio Hearn est arrivé au Japon en 1896, le pays était déjà pas mal ouvert et développé en très peu de temps il me semble.

  2. Merci pour cette article.
    Etant passionnée du japon, et de tout ce qui si rapporte, je suis toujours à l’affut de bonne info.
    Je vais filer de ce pas chercher un bouquin de Lafcadio Hearn.

    Merci Francois.

  3. Merci pour cette recommandation
    Sur l’amazon/kindle store ses livres en Anglais sont presque tous gratuit !
    Peut être le seront t’ils bientôt avec le Kindle sur Amazon.fr ?

    1. Merci pour l’information Christophe ! Je ne suis pas du tout partisan du Kindle et autres tablettes… Merci Amaz*n pour le flicage de tes lectures (ou commandes) et donc de tes centres d’intérêt :-/

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