Participez à une manifestation antinucléaire au Japon !

Depuis le 11 mars 2011, la lutte antinucléaire ne cesse de se développer au Japon et partout dans le monde, notamment dans les pays ayant un parc particulièrement évolué comme c’est le cas en France. Il semble que Fukushima n’aura pas suffi aux gouvernements japonais comme français pour prendre des mesures drastiques contre cette énergie impropre, dangereuse, coûteuse, usé, dévastatrice… Parfois les médias de masse sont complices. Les coupables ont un nom. On nous dit ça et là que le nucléaire peut être maîtrisé, sécurisé et que les coûts peuvent être limités (sic). Au delà des considérations purement pécuniaires, ne faudrait-il pas se concentrer sur d’autres alternatives, sur une sortie raisonnée et rapide de l’énergie nucléaire, vers une application totale ou partielle ou totale du scénario négaWatt ? C’est différentes raisons et revendications qui m’ont amené à participer à une manifestation antinucléaire en mai 2013. Ce vendredi 7 février, c’est au tour de ma camarade Corinne Morel-Darleux, secrétaire nationale à l’écologie au Parti de Gauche et conseillère régionale Rhône-Alpes, arrivée au Japon mardi de participer à l’une d’entre elles à Tokyo.

Le nucléaire ? Non merci !

Dans un premier temps je souhaite faire un retour sur mon expérience à ce propos. Je n’ai pas encore commencé à raconter mon second voyage au Japon, qui a eu lieu en mai 2013, mais je vais aujourd’hui en raconter un moment important. Il s’agit des premières heures à Tokyo après déjà deux semaines de voyage entamées. J’avais déjà visité la ville une semaine en octobre 2010. J’ai décidé de diviser à nouveau mon voyage, en trois parties. La dernière de celui-ci était une semaine complète dans la capitale nippone. J’y suis arrivé un vendredi après avoir traversé le Japon du sud vers le nord puis du nord vers le sud en passant par le centre. Cela sera abordé dans d’autres articles plus détaillés. Et chaque vendredi à Tokyo il y a une manifestation antinucléaire ! J’ai donc fait une correspondance à Nagoya et emprunté le shinkansen. Cette fois-ci j’ai eu de la chance, le ciel était dégagé et j’ai pu voir le mont Fuji très distinctement depuis mon siège. De plus, ma voisine de train était très bavarde, tant mieux ! Une fois arrivé en gare de Shinagawa, où le shinkansen s’arrête, je n’avais plus que quelques centaines de mètres pour arriver à mon hôtel en fin d’après-midi. J’y ai fait le check-in très rapidement et me suis déchargé pour repartir presque aussitôt. Finalement j’ai attendu une amie japonaise à l’hôtel pour y aller ensemble. Nous y sommes arrivés un peu en retard. Il y avait déjà beaucoup de monde. Nous sommes restés devant la résidence du premier ministre mais les discours politiques avaient lieu face à la diète, ce que je ne savais pas… De ce fait je n’ai malheureusement pas trouvé madame Yoshiko Kira sénatrice du PCJ que j’avais prévu de rencontrer. Finalement nous sommes donc restés avec les autres manifestant-e-s à écouter et scander les messages habituels avant de repartir manger un monjayaki dans le quartier de Tsukishima. J’aurai l’occasion de revenir plus en détails sur cette journée plus tard. En attendant l’album photos de cette journée du 24 mai 2013 au Japon est disponible sur mon profil Google+ !

Le Japon est souvent dépeint comme un pays où tout est en ordre entre modernité et tradition (sic), où le taux de chômage est faible (environ 4 % aux dernières estimations – sans prendre en compte le nombre d’heures travaillées) et où les citoyen-ne-s ne manifestent ou ne se mettent en grève que peu ou pas (voir l’article du Point à ce sujet sur le Japon, pays du « zéro grève » ou « zéro manif »). Alors que les salaires japonais sont au plus bas depuis 16 ans, le nombre de manifestations semble au plus bas et la résistance pas à son plus haut niveau par rapport à ce qu’a connu le pays notamment dans les années 1960 en réaction au renouvellement du traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon. Pourtant dans de nombreux esprits la résistance est là, l’opposition à l’énergie nucléaire est bien vivace ! Il y a quelques mois des sondages révélaient que 80 % des Japonais-e-s étaient opposés à cette énergie dangereuse. Ce qui marque également pour un-e étrangèr-e qui participe pour la première fois à une manifestation au Japon c’est l’encadrement de celle-ci : chacun-e est bien ordonnée sur le trottoir, lui-même divisé pour laisser passer les gens qui n’y prennent pas part, les routes ne sont pas coupées et les policiers omniprésents…

La commémoration des trois ans de l’accident nucléaire de Fukushima approche à grands pas. Malgré la lutte internationale contre cette énergie, le gouvernement français a choisi de continuer son association avec TEPCO et les compagnies d’électricité du Japon pour exporter du combustible nucléaire. C’est dans un tel contexte que Corinne Morel-Darleux a pris la parole ce soir-là devant l’assemblée nationale japonaise après avoir rencontré plusieurs membres du PCJ : monsieur Akira Kasai (député), madame Yoshiko Kira (sénatrice), et messieurs Morihara et Yonezawa. Malgré une courte intervention elle a su transmettre tout le soutien de celles et ceux qui, en France, s’opposent au nucléaire ! La traduction a été assurée par François Vidit, un camarade du comité du Parti de Gauche du 15ème arrondissement de Paris en vacances au Japon au même moment. Corinne décrit cette journée sur son blog comme un moment de tourbillon politique nippon, ce qui n’est pas sans illustrer également la tempête de neige qui a eu lieu ce week-end à Tokyo. La vidéo de l’intervention est même disponible en haute définition ! Addendum : La vidéo complète d’une heure avec les interventions de Yoshiko Kira et Akira Kasai est disponible sur YouTube sans sous-titres.

Je pense qu’il y a un « après » et un « avant Fukushima ». Le Japon a annoncé fièrement avoir atteint un objectif qu’il s’était fixé auparavant : dix millions de touristes en 2013, après avoir vu une baisse logique après le 11 mars 2011. Le prochain objectif est de doubler de chiffre pour passer à vingt millions de touristes pour les JO 2020 de Tokyo. Dans l’avion aller me menant au Japon en mai dernier, il y avait des vidéos de promotion de la préfecture de Fukushima invitant tranquillement à s’y rendre en toute sécurité. Affligeant ! Il faut bien mesurer ces actions de promotion du tourisme au Japon et se poser la question suivante : est-il bien raisonnable de voyager au Japon trois ans après Fukushima ? Pour ma part, c’est la question que je me suis posé l’an passé lors de mon deuxième voyage. J’en suis venu à la conclusion qu’il ne fallait pas se limiter à faire « du tourisme de base » mais qu’il fallait ponctuer ce voyage d’actions politiques fortes et de rencontres riches en échanges. L’apport d’un soutien extérieur au Japon et en l’occurrence français est important pour tenter de faire changer les choses au Japon et ailleurs en termes de nucléaire. C’est ce qu’a choisi de faire également Corinne ce mois-ci : s’opposer au nucléaire concrètement sur place et apporter un soutien au peuple japonais. Alors vous aussi, si vous comptez partir au Japon ne trouvez pas d’excuse pour ne pas participer à une telle manifestation, a minima. C’est facile et ça ne prend pas beaucoup de temps et permet de faire de belles rencontres !

Corinne Morel Darleux avec les parlementaires PCJ Yoshiko Kira et Akira Kasai
Photo du journal Akahata via Twitter.

Lexique japonais antinucléaire :

  • 原発反対! – genpatsu hantai – « Non au nucléaire ! »
  • 原発いらない! – genpatsu iranai – « Pas besoin du nucléaire ! »
  • 即時脱原発! – sokuji datsugenpatsu – « Sortie immédiate du nucléaire ! »
  • 再稼動反対! – saikadô hantai – « Non au redémarrage (des réacteurs) ! »
  • 子供を守れ! – kodomo wo mamore – « Protégez les enfants ! »
  • がんばれ日本! – ganbare nippon – « Courage, Japon ! »
  • Le hashtag utilisé en japonais sur Twitter est le suivant : #金曜官邸前抗議 (« manifestation du vendredi devant la résidence du premier ministre »).

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