Le 29 avril marque, pour les japonais, le début d’une semaine de congés tant attendue qui porte le nom de golden week ou gôruden uiiku (ゴールデンウイーク). C’est l’une des trois principales occasions dans l’année pour les japonais de prendre des congés. Bref, une semaine en or ponctuée de quatre jours fériés sur lesquels je reviendrai dans cet article.
C’est bien grâce à ces quatre jours fériés que les japonais en profitent pour prendre congé de leur entreprise pendant près d’une semaine. Et oui les japonais prennent des vacances de temps en temps même si ils en prennent bien moins que nous. Les autres périodes de vacances sont celles du nouvel an et de l’équivalent japonais de la Toussaint au mois d’août.
Normalement, le trafic est très élevé et les trains sont bondés à l’occasion de cette fameuse semaine mais d’après Aujourd’hui le Japon et le journal Mainichi, les agences de voyage s’attendent cette année à une baisse de 28 % des voyageurs. Cette année, l’esprit est plus au volontariat dans les régions sinistrées du pays. Les japonais retournent en général dans leurs régions d’enfance visiter leurs familles. De nombreux événements ont lieu : le Hamamatsu matsuri (浜松祭り), une course sur des sortes de drakkars d’Okinawa au Naha Haarii (那覇ハーリー), le fameux festival Hakata Dontaku à Fukuoka, le festival des fleurs de Hiroshima… C’est aussi l’occasion de profiter des derniers cerisiers en fleurs comme dans le nord du pays lors du festival des sakura de Hirosaki (弘前さくらまつり).
L’origine de la golden week
Depuis le XXème siècle, de nombreux jours fériés ponctuent cette période de l’année au point d’augmenter les recettes touristiques mais également celles du cinéma. L’origine du mot golden week remonte aux années d’après guerre alors que l’industrie cinématographique japonaise connaît justement son âge d’or. Suite à une hausse significative des recettes à cette période, le mot-valise « golden time » se fît entendre sur les ondes.
En 1951, alors que les deux compagnies de production cinématographique Shôchiku (松竹) et Daiei (大映) diffusent tous deux le film Jiyû Gakkô (自由学校) ou « l’école libre », la seconde enregistre un chiffre record des entrées dans ses salles. Les années suivantes ce phénomène se reproduit et le terme de semaine en or devint populaire.
Anniversaire de naissance de l’Empereur Shôwa (29 avril)
Le premier jour de cette semaine de vacances était dans les années 1950 le jour de la fête nationale japonaise qui correspond à la date d’anniversaire de l’Empereur qui règne. Ce jour est appelé en japonais le jour de Shôwa ou Shôwa no hi (昭和の日). À l’époque il s’agissait de l’Empereur Shôwa plus connu sous le nom de Hirohito. Ce jour fût renommée en journée verte quand il s’éteint en 1989. Depuis 2004, les japonais célèbrent à nouveau l’Empereur le 29 avril et la journée verte quelques jours plus tard…
Hors-catégorie : la fête du travail (1er mai)
Ce jour n’est pas férié au Japon. Le premier mai est également connu au Japon sous le nom de May Day (メーデー) ou « Labour Day ». Ce jour n’est probablement pas forcément perçu comme un jour de revendications salariales à la base au Japon… comme en France où les origines de ce jour férié sont peu connues ! Les japonais ont un autre jour qui célèbre le travail, c’est le jour de la gratitude au travail ou kinrô kansha no hi (勤労感謝の日), fêté le 23 novembre. Ce jour-là est bien un jour férié qui fête le travail, la production et les relations professionnelles.
Commémoration de la constitution (3 mai)
Le deuxième jour férié de la golden week est un autre jour historique, celui qui marque l’anniversaire de création de la constitution en vigueur du Japon. Ce jour est appelé sobrement jour commémoratif de la constitution en japonais ou Kempô kinenbi (憲法記念日). La constitution japonaise actuelle a été adoptée après la seconde guerre mondiale le 3 mai 1947 après avoir influencée par les travaux de Douglas MacArthur qui dirigea jusqu’en 1952 les forces d’occupation américaines au Japon. Ce document remplace l’ancienne constitution de 1889 qui attribuait un rôle démesuré à l’Empereur. L’article 9 de la constitution empêche le Japon de se constituer une armée et oblige le pays à renoncer à la guerre. Malgré ce passage pacifique, le Japon possède des forces d’autodéfense et a envoyé des troupes de soutien en Afghanistan et en Irak… À l’occasion de cette commémoration la diète japonaise (le parlement) est ouverte au public.
Journée de la verdure (4 mai)
Mot pour mot en japonais, cette journée célèbre la verdure et donc la nature c’est le midori no hi (みどりの日) ou « journée verte », « journée du vert ». Cette fête commença à être célébré suite à la mort de l’Empereur Shôwa après 1989 chaque 29 avril. La journée ne fût plus la fête nationale et fût déclarée journée verte. Cette année plus qu’une autre au Japon, j’espère que cette journée permettra de prendre conscience du danger nucléaire et de prendre soin du territoire japonais et de la Terre !
Jour des enfants (5 mai)
Pour clore cette longue semaine de jours fériés, une journée est consacrée aux enfants et plus précisément aux petits garçons. C’est le kodomo no hi (子供の日) ou « jour des enfants ». Ce jour est aux garçons ce qu’est la fête des poupées le 3 mars aux filles. Sachez que l’autre nom de cette fête est tango no sekku (端午の節句). Vous trouverez une explication de cette appellation sur Wikipédia.
Comment évoquer le jour des enfants sans parler des carpes koi (鯉) accrochées aux maisons ? Elles symbolisent la force et la puissance. Cette pratique est appelée koinobori (鯉幟). De fausses carpes sont hissées sous la forme de manche à air en haut de bâtons où se trouve un petit moulin au sommet appelé le yaguruma (矢車). La grosse carpe noire symbolise le père. La mère est représentée par une carpe rouge. En dessous se trouvent des carpes bleus qui représentent les petits garçons de la famille. À l’occasion de cette journée, les familles se réunissent et espèrent que leurs enfants, petits enfants ou neveux trouveront courage et vigueur en grandissant.
Hors-catégorie : la fête des mères (deuxième dimanche de mai)
La golden week peut parfois se finir par la fête des mères qui est fêtée au Japon le deuxième dimanche de mai, qui tombe le jour de l’armistice le 8 mai 2011 cette année. Chez nous c’est le dernier dimanche de mai. Cette année, d’après un sondage la chanson qui représente le mieux la fête des mères est Ikimonogatari – Arigatô. À l’origine, la fête des mères a été célébrée au Japon à partir de 1931 à l’occasion de la création d’un groupe féministe. La date fixée était l’anniversaire de l’impératrice de l’époque, la femme de l’empereur Hirohito. C’était alors le 6 mars, le jour du chikyûsetsu (地久節), une célébration qui a disparu. Après la guerre, en 1949 le Japon repris la date américaine de la fête des mères. Il est d’usage d’offrir des œillets (souvent rouges) appelés kaaneeshon (カーネーション) de l’anglais « carnation ».