Le deuxième break du voyage continue avec pour ce troisième jour, une ville symbolique du Japon. Hiroshima a subi le feu dévastateur de la bombe atomique il y a 65 ans. Elle restera marquée à jamais par cet acte barbare déclenché par les États-Unis. Aujourd’hui, après un long voyage vers le sud l’ouest du pays, je visiterai principalement la zone du parc pour la paix dédiée à cet événement tragique. Pour finir la journée, je me rendrai également au château d’Hiroshima, avant de continuer ma route vers l’île sacrée de Miyajima où je passerai la nuit.
Cette nuit j’ai dormi un peu plus que les jours précédents. La dame du ryokan me demande à quelle heure je souhaite prendre mon petit-déjeuner. 8h00 c’est très bien, après avoir pris un bain. Je prendrai donc un peu retard pour aller à Hiroshima tant pis. Le petit-déjeuner est japonais. Il ressemble beaucoup à Kawaguchi-ko près du Mont Fuji. Encore une fois pas mal de petits plats. Malheureusement, je n’ai pas pris de photos. Je me hâte de manger pour ne pas être trop en retard. Après avoir préparé mes affaires, je m’apprête à quitter l’auberge et remercier mon hôte qui fût très gentille et disponible ! Avant de partir, la dame m’offre une boite qui contient un dessert japonais, le kuzumochi. Elle m’accompagne jusqu’à la porte qui donne directement dans le parc aux daims. Le ciel est dégagé, il fait plutôt bon ! Je demande poliment pour prendre une photo devant l’auberge. Et vice versa. La dame décide de m’accompagner jusqu’au bout du chemin pour quitter le parc. Au delà, du torii, il suffit de continuer toujours tout droit jusqu’à la gare. 20 minutes de route dans une rue commerçante où tout est encore fermé et calme de si bon matin.
Je prends deux trains de la compagnie JR pour rejoindre Shin’osaka (新大阪) la gare shinkansen. D’abord un train express de la ligne Yamatoji (大和路線) puis un autre express de la Kyoto Line Tôkaido Main Line (東海道線). Si j’en crois mon billet réservé en arrivant à l’aéroport, j’étais censé prendre le shinkansen à 8h59. Je l’ai raté d’une vingtaine de minutes… Je me renseigne auprès d’un employé de la gare qui trouve très rapidement le prochain train pour Hiroshima. Ce qu’il oublie de me préciser c’est que ce train est un shinkansen Kodama qui s’arrête à toutes les gares ! J’aurais du monter dans un shinkansen Hikari qui marque des arrêts beaucoup moins souvent… Résultat des courses : un départ à 10h39 en gare d’Osaka, heure à laquelle je devais arriver à destination, et trois heures de retard. Pour passer le temps, j’appelle une amie japonaise d’un téléphone public et chalande dans la gare. Il y a un magasin qui vend du fromage de Kobe, ça a l’air bon ! Voici la liste des gares où le train s’est arrêté : Shinkobe, Nishiakashi, Himeji (le château n’est pas visible du train :(), Aioi, Okayama, Shinkurashiki, Fukuyama, Shin’onomichi, Mihara, Higashihiroshima (ouf c’est presque la fin) et Hiroshima. Au total 11 arrêts sur près de 350 kilomètres. Je ne peux pas me permettre de descendre à une gare pour espérer prendre un autre plus rapide, puisque les trains plus rapides ne s’y arrêtent pas et doublent même le train dans lequel je me trouve quand nous sommes à l’arrêt. 😯 Je regarde le paysage urbain de banlieue sur lequel apparaissent parfois des églises comme à Himeji. Pour enfoncer le clou, aucun service de boisson et nourriture n’est assuré dans le train. Je suis condamné à attendre Hiroshima. Dans la gare d’arrivée, je trouve vite un magasin qui vend des ekiben, vous savez ces plats destinés à être mangés dans le train ou la gare comme j’ai pris à Kyoto à mon arrivée. J’emporte ça avec moi à la recherche du tramway, qui me mènera près du dôme de la bombe atomique…
Me voilà donc dans l’un des points les plus méridionaux de mon voyage après le mont Kôya. Il est possible d’acheter un passe d’une journée pour le tramway, ce que je fais par acquis de conscience, alors que je ne l’utiliserai qu’une fois pour aller vers le dôme… Le tramway est très pratique et écologique. J’arrive vite à destination après avoir zigzagué dans les rues d’Hiroshima qui apparaît comme une grande ville moderne au même titre que Tokyo. C’est la plus grande ville de la région du Chûgoku (中国地方) dans l’ouest du pays. À noter que ce matin j’ai traversé les préfectures de Hyôgo (兵庫県), Okayama (岡山県) et Hiroshima (広島県). Je sors du tramway sous un soleil de plomb, écrasant. Juste à l’entrée du passage qui mène au dôme, je m’assois sur un banc pour manger enfin au calme devant ce symbole de paix. Il y a beaucoup d’écoliers qui participent au devoir de mémoire. Cela me rappelle un voyage de classe à la Coupole de Saint-Omer, dédiée à la Seconde Guerre Mondiale en Europe.
Ce bâtiment est le seul qui a survécu au souffle destructeur de la première bombe atomique lancée sur Hiroshima le 6 août 1945. Le dôme (原爆ドーム) faisait partie d’un immeuble d’exposition industrielle de la préfecture d’Hiroshima. C’est une construction à l’architecture européenne érigée pendant l’ère Taishô (1912-1926). L’hypocentre de l’exposition est située à une centaine de mètres du dôme. La bombe explosa à un peu plus de 500 mètres dans les airs. Tout fut complètement rasé dans un rayon de deux kilomètres. Ce bâtiment a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1996.
Je longe doucement la grille qui empêche l’accès à ce symbole plein d’émotions. L’émotion est palpable un peu plus loin, près de la tour mémorial des étudiants mobilisés pour l’effort de guerre. Une dame japonaise que j’avais croisée assise peu de temps avant, m’aborde près de ce lieu. Il s’avère qu’elle parle très bien français et me laisse un petit livre sur l’histoire de Shigeru, un enfant après le bombardement. Il s’avère que beaucoup de personnes faisant partie d’associations, que l’on pourrait désigner par sectes chez nous en France, abordent les gens et touristes dans les alentours.
Ma progression me mène vers le parc du mémorial pour la paix heiwa kinen kôen (平和記念公園), en passant par le pont Motoyasu (元安橋). Je m’assois quelques minutes sur un banc près de cerisiers qui commencent à roussir malgré le climat encore très estival de la journée. De là, je pense à toutes les victimes survivantes qui, après l’explosion, tentèrent désespérément de trouver de l’eau potable dans les rivières Ôda (太田川) et Motoyasu (元安川) qui entourent l’île où se situe le parc. En plus des radiations qui causèrent de nombreuses victimes, d’autres périrent après avoir bu l’eau contaminée. La pluie noire est une pluie à grosses gouttes formée par la boue et les poussières amassées par le souffle de la bombe. Ce liquide visqueux a également été la cause de nombreuses morts…
Non loin de là se trouve une cloche où s’affairent des groupes d’écoliers. Plus bas, un monument de granit se dresse à la mémoire d’une fillette décédée des suites des radiations en 1955. Sasaki Sadako est née en 1943 et habitait à deux kilomètres du point d’impact. Les radiations lui causèrent une leucémie mortelle dix ans plus tard. Sa maladie surgit brutalement et elle se mit à plier mille grues pour guérir. Hélas, elle périt avant d’atteindre son objectif. Ses camarades de classe finirent les grues restantes et rassemblèrent l’argent nécessaire pour bâtir ce monument en 1958. Des grues en papier y sont envoyées régulièrement. Autour de la construction il y a des compartiments tout en couleurs dédiées à la paix. Je croise d’ailleurs quelques hippies barbus près d’une inscription « PEACE ». À ce propos, Yoko Ono, la veuve de John Lennon, ne cesse de prôner la paix sur son compte Twitter. Une mère et sa fille m’abordent en bafouillant quelques mots de français. Assez étonné je discute en japonais puis continue mon chemin, un peu déstabilisé.
En continuant vers le sud de la petite île, le touriste arrive près du cénotaphe dédié aux victimes de la bombe atomique. D’après la stèle, 140000 personnes périrent tout de suite après l’explosion ou des années plus tard des conséquences des radiations. En 2005, le maire annonce 237000 victimes lors d’un discours. Dans l’axe de la stèle, le dôme apparaît comme un vestige. Une flamme brûlera ici tant qu’il y aura des bombes atomiques dans le monde. Le parc du mémorial a été aménagé dans les années 50-60 par l’un des plus grands architectes japonais Tange Kenzô (丹下健三). Le cénotaphe a été pensé par ce dernier. Cet architecte a conçu de nombreuses constructions notamment à Tokyo, comme la Mairie de Tokyo à Shinjuku. C’est également lui qui est à l’origine du musée du mémorial pour la paix.
Il a fallu attendre 2010 et la commémoration des 65 ans de la tragédie pour qu’un représentant du gouvernement américain se rende sur les lieux du drame. Jamais un président des États-Unis d’Amérique n’est venu se recueillir ici et faire des excuses. Cela me rappelle les excuses récentes de la SNCF pour son implication dans la déportation des juifs. Les faits sont certes anciens, mais pourquoi les remords mettent autant de tant à remonter à la surface ?
Le musée du mémorial pour la paix – heiwa kinen shiryôkan (平和記念資料館) – est divisé en plusieurs bâtiments. L’entrée se fait par celui à l’est. Des brochures et audioguides sont proposés en français. Le prix de l’entrée et de l’audioguide est dérisoire (50 + 300 yens). L’ensemble du rez-de-chaussée propose des photos, vidéos et maquettes pour comprendre l’état actuel d’Hiroshima et celui après le bombardement. Une montre arrêtée est conservée. Elle est restée bloquée sur 8h15, heure du bombardement. Au premier étage, des vidéos présentent les événements qui ont mené les américains à larguer une première bombe nucléaire d’abord sur Hiroshima. L’histoire d’Hiroshima et le développement de la bombe sont proposées. Une reconstitution du dôme surplombe les deux niveaux. Tout cela porte à se poser un certain nombre de questions. Pourquoi avoir développé la bombe atomique ? Pourquoi avoir largué la bombe sur le Japon ? Pourquoi Hiroshima ?
Les expositions insistent beaucoup sur l’ère nucléaire et ses conséquences. Comment trouver le chemin de la paix et faire cesser les guerres ? Les États-Unis avaient-ils vraiment une raison de faire autant de victimes civiles ?
J’ai eu l’occasion de rencontrer une hibakusha (被爆者) – survivante de la bombe – en 2009 à Lille que l’association Japon & Culture avait invité à Lille pour témoigner pendant une heure trente et participer à une séance de dédicace. Hashizume Bun était adolescente et se trouvait à un kilomètre de l’explosion le matin du 6 août 1945. Le récit de cette journée marquante est raconté dans son livre, « Le jour où le soleil est tombé j’avais quatorze ans à Hiroshima » édité aux éditions du Cénacle. Au travers de la plume de Madame Hashizume, le lecteur comprend l’importance d’éradiquer les bombes nucléaires et de sensibiliser l’opinion publique à cela.
À la fin du premier étage se trouvent un espace vidéo, un accès libre au WiFi ainsi que la boutique du musée. Je regarde quelques minutes une vidéo en japonais, puis emprunte le couloir vers le bâtiment principal où se trouvent une exposition d’objets relatant la bombe. Le but ici est de faire comprendre les événements et effets relatifs à Hiroshima suite au bombardement. Les nombreux objets sont exposés sont marquants : un diorama de personnes en cire victimes de la bombe, l’ombre d’une personne sur une pierre, divers dommages… Il est possible de toucher certains objets ayant subi le feu de la bombe. Plus loin une planche avec de la pluie noire est exposée. Une reproduction de « little boy », nom de la bombe nucléaire larguée, est suspendue dans l’une des salles.
Que peut faire d’autre un touriste que, justement, pleurer ?
Cette réplique provient du film Hiroshima mon amour, sorti en 1959, 14 ans après le bombardement. C’est un film franco-japonais décrivant l’histoire d’amour entre une française et un japonais. C’est un film utilisé régulièrement dans les facs de japonais, d’histoire ou les écoles de cinéma… Pendant une longue introduction, le film est sans acteur, uniquement des décors bien spécifiques alors que les voix-off de l’homme et de la femme se parlent. L’acteur japonais Okada Eiji a dû apprendre à parler français pour les besoins de ce film d’Alain Resnais. Pour reprendre la citation, j’ai l’impression que les nombreux touristes et écoliers dans le musée ne peuvent ignorer la gravité de cette catastrophe.
Je quitte le musée par un long couloir où se succèdent des dessins et témoignages de survivants de la bombe atomique. De nombreux écoliers, lycéens et étudiants parsèment l’espace. Je rebrousse chemin jusqu’au pont Motoyasu. Sur le chemin, je rentre dans un centre d’informations pour me désaltérer à un distributeur et demander ma route jusqu’au château d’Hiroshima. J’avais prévu de prendre les transports mais finalement c’est à 20 minutes à pied (environ 2 kilomètres au nord). L’employé me délivre une carte et me dit que c’est super simple, il suffit d’emprunter une route puis un passage souterrain. Je me dirige donc par l’itinéraire indiqué en tentant de trouver l’hypocentre précis de la bombe. Sans succès. C’est censé se trouver au sud-est du dôme mais je crois qu’il n’y a pas de stèle particulière. La route vers le château traverse des buildings super modernes et écrans géants.
Vers le château d’Hiroshima
La ville d’Hiroshima a été fondée en 1589, à la fin de la période Sengoku par Terumoto Mori. Ce dernier fonda également le château où je me rends. Le nom de la ville Hiroshima signifie « large île » – hiro shima (広島). En effet, la rivière Ôta divise le territoire en de nombreuses îles. La ville fut fondée sur la plus large de ces îles. La ville se développa sous l’ère Edo puis l’ère Meiji. Pendant la Seconde Guerre Mondiale elle formait un important centre stratégique de stockage de matériel militaire. C’est l’une des raisons du bombardement en 1945.
J’arrive bientôt près des douves, qui marquent l’entrée du périmètre de ce qui était auparavant un grand château féodal comme beaucoup parsèment le Japon. Des travaux de rénovation sont en cours sur les bâtiments de l’entrée appelée Ninomaru (二の丸). En progressant, je passe devant le sanctuaire Gokoku-jinja (護国神社), encore un temple dédié à la mémoire des soldats morts pour la patrie. Ce sanctuaire fut créé à l’origine en 1868, au tout début de l’ère Meiji pour les âmes des soldats morts pendant la guerre de Boshin. Cet épisode de l’histoire japonaise marqua le passage d’une ère encore féodale dirigée par les shoguns vers une gestion de l’état impériale. Le sanctuaire fut également dédié aux victimes de la bombe nucléaire après 1945.
L’accès au donjon du château se fait après avoir traversé un large jardin appelé le Honmaru (本丸) et une cour où attendent des taxis. Des étudiants jouent au foot dans une sorte de terrain-vague ! La nuit ne va pas tarder à tomber. Il fait toujours chaud malgré le ciel qui se couvre fortement. La ville naquit en même temps que le château, à son pied, comme il était courant à l’époque pour les villes fortifiées jôkamachi (城下町). Le château connut différents propriétaires à commencer par Terumoto Mori, puis Masanori Fukushima et douze générations de la famille Asano jusqu’en 1869. Il fut construit dans le delta de la rivière Ôta des cinq villages. Le château est très représentatif des châteaux du Japon de l’époque avec un donjon assez haut et imposant. Celui-ci compte cinq étages en prenant en compte le rez-de-chaussée. Le château est dédié à l’histoire d’Hiroshima avant le bombardement nucléaire :
- Rez-de-chaussée : Construction du château d’Hiroshima et son rôle
- 1er étage : Vie et culture du château-ville d’Hiroshima
- 2ème étage : Exposition d’armes et d’armures
- 3ème étage : Exposition particulière avec des objets se rapportant à l’histoire et à la culture d’Hiroshima
- 4ème étage : Plate-forme d’observation
Il n’y a pas grand monde en cette fin de journée de semaine et j’ai beaucoup d’espace pour circuler dans le château, qui est en réalité un musée classique. Le bâtiment a complètement été dévasté par la bombe puis reconstruit. Différentes vidéos sont disponibles en japonais ou anglais avec un casque. L’histoire japonaise (de cette époque) est très passionnante. De nombreuses armes et œuvres d’art sont exposées. Il y a beaucoup de pancartes explicatives en japonais, j’adore. Par contre, le temps court alors je presse un peu le pas vers la plate-forme d’observation qui propose une belle vue sur une partie de la ville et de ses buildings. La nuit commence à tomber.
Je redescends au rez-de-chaussée à la boutique pour constater qu’il n’y a pas grand chose d’intéressant. En outre, j’en profite pour demander le moyen le plus rapide pour atteindre Miyajimaguchi et donc accessoirement la gare d’Hiroshima. D’après les deux employés sympas, plusieurs possibilités : le bus, le tramway ou la marche. Je sors, repasse dans le passage souterrain continue tout droit à la recherche… d’un taxi. Une fois de plus, j’opte pour ce moyen de transport si pratique. Il n’y a pas de bouchons. Le conducteur est un bonhomme qui rigole beaucoup c’est cool 🙂 On parle d’Hiroshima, du dialecte de la région et de cuisine. Le plat le plus fameux du coin est bien sur l’okonomiyaki (お好み焼き) à la sauce d’Hiroshima. Le même plat est réputé pour être différent à Osaka. Cette recette se résume à griller (焼く) ce que vous aimez (お好み). Autrement dit, presque toutes les viandes et légumes sont susceptibles d’être grillées sur une plaque chauffante sous vos yeux, tout en ajoutant de la sauce et de la bonite séchée. À suivre !
Pour 880 yens j’arrive rapidement à la gare d’Hiroshima et saute dans un train de la ligne JR San’yôhon (山陽本) en direction de Iwakuni et à destination de la gare de Miyajimaguchi, 8 stations et 22 kilomètres plus loin. J’écoute les gens d’Hiroshima et sa région parler dans la rame. Leur japonais est différent de celui que je connais. Certes reconnaissable voire compréhensible mais l’accent et certaines désinences changent. Le train est un peu bondé et vers la fin du trajet j’engage la conversation avec un couple de français sympa 🙂 (Salutations !) Nous ferons la route ensemble jusque sur l’île de Miyajima. Nous arrivons à destination alors qu’il fait déjà sombre depuis longtemps. L’embarquement pour le ferry se trouve à quelques dizaines de mètres. Il y a visiblement deux compagnies dont JR qui proposent la traversée. Un aller coûte 170 yens mais il est possible de monter dans le ferry JR avec le Japan Rail Pass ou bien dans l’un ou l’autre avec le passe de transport pour la journée. À quelle heure part le dernier ferry pour Miyajima ? 22h15. Cela laisse donc un peu de marge pour visiter Hiroshima !
La traversée est rapide, il fait un peu frisquet en mer. En fait, cette mer au fait est appelée la Mer Intérieure de Seto ou Setonaikai (瀬戸内海) et sépare la grande île de Honshû à celle de Shikoku et Kyûshû. Après 10-15 minutes de traversée, j’arrive sur la terre ferme. Une maquette reliant le Mont Saint-Michel à Miyajima fait l’accueil. Nous nous séparons pour rejoindre nos hôtels respectifs en échangeant nos cartes de visite et espérant nous recroiser. Comme dans le parc aux daims de Nara, des daims sont en liberté dans le petit village de l’île. J’aurais l’occasion de revenir en détails sur l’île dans le prochain article. Pour le moment, je m’avance vers mon auberge de ce soir, un ryokan de haute qualité.
Je me présente à l’accueil, on me demande de remplir un formulaire et me délivre un message de mon père, inquiet que je réponde plus sur Twitter 😀 Et oui, les connexions (gratuites) en WiFi sont loin d’être partout finalement au Japon ! On me demande à quelle heure je souhaite dîner, j’indique que 19h c’est très bien. J’ai la chambre 501 au dernier étage, le quatrième. Une chambre occidentale avec vue sur… non pas le torii mais le village. Après avoir rangé mes affaires et pris une petite douche je descends pour prendre le repas du soir. L’un des cuisiniers et une serveuse m’accueille chaleureusement. Je prends un umeshu (梅酒), alcool de prune, en guise d’apéro 🙂 La serveuse m’explique chaque plat minutieusement. Je me régale ! J’ai gardé le menu qui m’a été délivré (tout en japonais) : une soupe, du tôfu, des crevettes, de l’anguille, du riz cuit avec des marrons, des fruits et une curiosité appelée kasutera (カステラ) sorte de cake spongieux aux carottes cette fois-ci. En lisant ce menu pour l’article, je me suis rappelé que j’avais goûté telle chose chez les moines du mont Kôya. Une spécialité du coin est également servie. Il s’agit d’un gratin d’huîtres appelé kaki no nishimiyako guratan (牡蠣の西京グラタン). Avant de quitter la table, la serveuse me demande si je souhaite qu’elle me prépare un onigiri (boule de riz avec des bouts d’œuf) si jamais j’ai une petite faim dans la chambre. Je le mangerai en guise de petit-déjeuner. Je finis par ressortir de l’auberge pour aller voir le magnifique torii rouge de nuit, l’une des images symboliques du Japon.
Vous pouvez consulter les photos de cette journée. Les photos des autres journées sont également disponibles. Elles apportent un supplément visuel à chaque article. Chacune est localisée et comporte une légende. N’hésitez donc pas à y laisser vos commentaires ou questions !
Merci pour cet article très intéressant.
Je me permets quelques petits commentaires. 🙂
Le Dôme ne fut pas le seul bâtiment « épargné » par la bombe. Tous les bâtiments en béton ont plus ou moins bien résisté (cf la photo d’époque postée ici-même, on voit quelques autres bâtiments). Le Dôme est le seul bâtiment qui a été préservé au moment de la reconstruction de la ville, comme symbole, parce qu’il était à peu de choses près sous l’hypocentre.
Puisqu’on parle de l’hypocentre, il est très proche du dôme donc, dans une petite rue qui démarre au niveau du pont qui est juste au sud du Dôme. Il y a une petite stèle, mais il est facile de la louper (je vous invite à farfouiller dans mon blog pour l’histoire du lieu et la raison de l’absence de marqueur plus important).
Si les US ne se sont jamais excusés publiquement, parce que dans la version « officielle » de l’histoire (et vous connaissez l’adage: ce sont les vainqueurs des guerres qui écrivent l’histoire) l’usage des bombes était nécessaire et justifié, c’est lui qui a mis fin à la guerre et donc sauvé beaucoup plus de vies qu’ils n’en a détruites (je n’émets pas d’avis personnel ici, j’exprime juste le point de vue américain). Si un Président s’excusait de la chose (surtout ces temps-ci), il ferait certes plaisir aux gens d’Hiroshima, mais il se mettrait à dos une bonne partie de sa propre population, le choix n’est donc pas difficile à faire.
Sinon je n’ai jamais vu l’Otorii de nuit, ça doit être quelque chose (le sanctuaire est-il lui aussi ouvert?)
Une dernière chose (mais peut-être est-ce pour un futur billet?), dommage qu’il n’y ait pas quelques lignes sur la vie et l’atmosphère d’Hiroshima aujourd’hui qui contraste tellement avec celle du Parc de la Bombe (c’est ce contraste entre cet endroit si triste et cette ville si joyeuse qui m’a le plus marqué je crois).
Bonjour David,
Merci à vous pour votre commentaire ! Au passage, votre commentaire permet d’ajouter du contenu (pertinent) à l’article.
En effet, d’autres bâtiments de même composition ont résisté à l’impact mais j’ai bien voulu insister sur le fait que ce dôme est devenu en quelque sorte un symbole.
Je suis un peu déçu d’avoir raté la stèle, j’ai pourtant cherché dans les rues aux alentours, sans succès.
Je fouillerai sur votre blog pour plus d’informations. À première vue votre site a l’air très intéressant également ! 🙂
Il est vrai, comme je le dis dans l’article, qu’il est compliqué pour les gouvernements en 2011 de s’excuser à tout va, quelques soient les circonstances, pour les événements du passé.
Le grand torii est visible de nuit d’assez prêt sur les digues qui l’entourent. Il dégage une aura qui donne envie de rester là à le contempler !
Le sanctuaire est ouvert de 6h30 à 18h (17h30 de mi-octobre (date de mon passage à Miyajima) à février).
Dans les prochaines publications (sur le 20 octobre), j’aurais l’occasion de revenir dans un premier article sur la matinée à Miyajima et dans un second sur mon retour dans le Kansai.
Bien sûr, le contraste entre le parc du mémorial pour la paix et le reste de la ville m’a sauté aux yeux. Je parle d’ailleurs de buildings modernes et d’un certain bon-vivre que je n’ai malheureusement pu saisir que dans le taxi me ramenant à la gare. C’est pourquoi je conseille vivement au minimum 2 nuits pour Hiroshima et Miyajima… Histoire de faire un plus long tour en ville par exemple !
Décidément, le Japon est le pays de tous les contrastes.
Bonsoir François.
Je suis heureuse de découvrir qu’un audioguide en français nous permettra de parcourir le mémorial de la paix.
Pour moi, ce lieu est important dans ce voyage au Japon. Je vis en Normandie où le débarquement du 6 juin a fait autant de victimes civiles que les soldats sur les plages. Certains de ces civils ont eu une mort horrible en raison des bombardements alliés.Mais bien peu de gens le savent.
De plus, de par ma profession, ce lieu est encore plus important. Quand je parlerai de cet épisode de la guerre à mes élèves, je sais que je ne pourrai jamais plus le faire comme avant. Je suis déjà émue avant de partir…. et je serai très émue en arrivant dans cette ville. Connaissez-vous Hiroshima de John Hersey ? Ce reporter a recueilli les témoignages des survivants. Chaque année, j’ouvre ce livre au hasard et j’en lis quelques lignes à mes élèves. Ce jour là, personne ne parle dans la classe…. un terrible silence. Ce sont ces quelques lignes qui leur font prendre conscience des horreurs de cette arme.
Bonne soirée à vous.
PS : Commencer par Hiroshima et finir par Miyajima…. sage décision. Un peu de randonnée pour oublier les émotions face au dôme.
Chaque année, nous avons la chance de parler avec des vétérans du débarquement. J’aimerais aussi rencontrer un hibakusha.
Bonsoir Marie,
Encore une fois merci pour votre contribution sur ce blog. J’ai droit à des commentaires de qualité sur cet article !
La visite du musée ne coûte qu’une poignée de yens. Peut-être la volonté de diffuser la paix à moindre coût ?
Vous êtes professeur d’histoire-géo dans un lycée ? J’aimerais bien me rendre un jour sur les plages du débarquement. Le Nord n’est pas si loin en plus. Avez-vous déjà visité la Coupole de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais ?
Je ne connais pas le livre dont vous parlez, je vais m’y intéresse. Vous devriez jeter un œil au livre de Mme. Hashizume Bun, une dame qui a malheureusement vécu le bombardement. Ces mots sont pesants mais rappellent à quel point nous devons nous battre pour la paix et contre le nucléaire sous toutes ces formes.
C’est vrai que je n’ai pas choisi de finir par l’île de Miyajima par hasard. La journée était assez pesante. Il pèse vraiment une drôle d’atmosphère près du parc de la paix même si la ville est très moderne et vivante.
Encore merci pour votre participation ! Bonne soirée.
Superbe article, comme d’habitude !! 😮 J’avoue que celui-là a été difficile à lire étant donné le sujet.
Quelques points/remarques :
>Les faits sont certes anciens, mais pourquoi les remords mettent autant de tant à >remonter à la surface ?
Comme cela a été dit dans un autre commentaire, pas facile pour un gouvernement de s’excuser sans se mettre une bonne partie de sa population à dos. Ma remarque va peut être paraître déplacée étant donné le sujet douloureux abordé ici, mais si l’on veut être entièrement objectif/exhaustif, le gouvernement japonais lui-même n’est pas exempt de reproches sur cette période et pas rapide à s’excuser non plus : on pourrait indiquer le cas des personnes reconnues comme criminels de guerre par nous et vénérées comme héros au Japon, ou encore le cas des « femmes de réconfort »…
>Pourquoi Hiroshima ?
Si je me rappelle bien, ce n’était pas la cible choisie à l’origine (je crois que c’était Kyoto) mais un général américain l’a fait changer au dernier moment pour ne pas détruire une ville « trop symbolique » – notez les guillemets – pour les japonais. Cela dit, sur n’importe quelle autre ville qu’Hiroshima, ca n’aurait pas été moins affreux.
Merci pour ton commentaire Marc ! C’est vrai que le sujet est relativement sensible.
Je pense qu’il est difficile d’excuser ce que les générations passées ont fait. Le gouvernement français doit-il s’excuser d’avoir participé à un colonialisme sauvage qui a tué des milliers de personnes il y a tout juste un peu plus de cent ans ? Il y aura toujours quelqu’un dans le monde qui se sentira concerné par les faits historiques.
Nous pouvons faire quelque chose : tirer les leçons du passé et militer pour la paix par exemple.
coucou François.
connais-tu un moyen de rencontrer un hibakusha…. je prépare une exposition et un travail d’art pour les commémorations des 70 ans de la fin de la sde guerre mondiale ds mon établissement. une grue, au milieu du patio de l’école, un jardin zen et autour une déambulation pour méditer sur la paix… avec des photos et des textes. meric. Bisous.Marie.
PS : tu sais, je ne savais pas que mon voyage au Japon me marquerait autant. Bonne soirée.Au plaisir de te lire 🙂
Bonjour Marie,
Merci pour ton commentaire 🙂 !
J’ai rencontré il y a quelques années une dame hibakusha venue témoigner à Lille mais je ne sais pas du tout à qui t’adresser pour en rencontrer un-e désolé.
François
Pour avoir « visité » Hiroshima (on ne visite pas Hiroshima comme la plupart des lieux), je ne peux que déconseiller la visite du Mémorial de la Paix, du Dôme, etc… à moins d’être directement concerné par le drame, ou bien de mener des recherches historiques ou encore d’être un militant engagé pour la paix ou anti-nucléaire…Car pour les touristes « ordinaires » mais réellement amoureux du Japon (dont je suis), ces lieux sont particulièrement éprouvants à visiter…le « pire » étant le musée avec ces reconstitutions horribles. Or, soyons honnêtes, je pense qu’une majorité de personnes ne va pas en vacances dans un pays qu’elle aime pour mettre ses nerfs à rude épreuve et/ou déprimer…Donc à moins d’une très bonne raison personnelle, je déconseille…