30 décembre 2016 : Randonnée à Kurama au nord de Kyoto

Cette journée du 30 décembre 2016, il y a quasiment un an jour pour jour, sera le premier jour que je raconterai dans sa totalité de ce troisième voyage au Japon. Dans le précédent article j’ai écrit à propos de l’aller depuis Lille vers Osaka en presque 24 heures, ce qui reste somme toute assez classique à raconter et sans trop d’information à vraie valeur ajoutée hormis le côté peut-être un peu pratique du transport jusqu’au Japon. Cette fois-ci on entre dans le vif du sujet avec une première journée dans le Kansai – la partie centrale du Japon où se trouvent des villes comme Osaka, Kyoto ou encore Kobe. J’ai prévu d’y rester pour cinq jours à compter de fin décembre, pour y passer notamment le nouvel an. Pour cette première journée j’ai choisi de découvrir une partie du nord de la préfecture de Kyoto dont j’entendais parler depuis des années et qui m’attirait, il s’agit de Kurama un mont comportant un ensemble de temples et sanctuaires.

Gare de Osaka, direction Kyoto !
Gare de Osaka, direction Kyoto !

L’hôtel Kansai (10ème étage, chambre 3981), où je reste pendant ces quelques jours dans cette région centrale du Japon, est situé dans le quartier Umeda, et plus particulièrement Higashi Umeda, un quartier très animé avec plein d’échoppes, de restaurants, bars et boutiques en tous genres. L’animation y est quasi permanente, surtout la nuit tombée à partir de 18 heures. Je l’avais déjà abordé mais la nuit tombe plus tôt au Japon, même l’été. Pour le coup je me lève tôt pour cette première journée complète au Japon. Le petit déjeuner (sucré salé) est compris dans les frais.

J’ai rendez-vous avec une amie originaire de la région (d’une ville entre Osaka et Kyoto). Nous avons prévu de passer la journée ensemble à Kurama, Kyoto et Osaka. Le rendez-vous est fixé derrière les barrières de contrôle (kaisatsuguchi – 改札口) de la gare de Kyoto. Nous ne prenons pas le même train. J’ai le petit-déjeûner inclus avec l’hôtel (pas trop cher pour le coup, trouvé via Booking.com) ce qui est assez pratique. Les autres jours je n’avais pas le petit déjeûner compris mais ce fut très facile de trouver de quoi manger dans les konbinis, j’y reviendrai dans d’autres articles. Le temps est superbe avec un ciel bleu bien dégagé, parfait ! Dans le train je regarde défiler la jungle de buildings discontinue entre Osaka et Kyoto. Le trajet dure environ 45 minutes, un peu moins avec un super express ou un shinkansen.

Statue de tengu près de la station Kurama
Statue de tengu près de la station Kurama
Entrée de l'un des sanctuaires du complexe de Kurama
Entrée de l’un des sanctuaires du complexe de Kurama

Une fois à la gare de Kyoto je retrouve donc mon amie que je n’ai pas vue depuis 2013 à Londres. Nous étudions la route ensemble pour aller vers le mont Kurama qui est tout de même un peu éloigné de la ville. Il faut prendre le métro puis marcher un petit moment avant de reprendre plus loin un petit train local qui emprunte une voie sinueuse entre arbres et habitations vers la montagne. À l’arrivée à la station de Kurama, nous sommes accueillis par des statues de têtes de tengu géantes. Ces créatures divines du folklore japonais sont faciles à repérer : rouges avec un long nez. Kurama serait le lieu de résidence de Sôjôbô le roi des tengu, d’où ces fameuses statues. Kurama serait également le lieu de naissance du reiki une méthode de soins non conventionnelle de travail des énergies par le toucher. Son fondateur, Misao Usui, aurait médité 21 jours dans la montagne de Kurama où se trouve notamment le vaste temple de Kurama (Kurama-dera en japonais) où nous nous rendons sans plus attendre.

Les montagnes entourant Kurama sont très boisées et assez accidentées comme bien souvent au Japon entre la haute montagne et la mer où il y a peu d’espace. Ce fût donc un lieu propice au retrait monastique pour les moines bouddhistes pendant de longues années. Il reste de la neige sur les toits de certains bâtiments du complexe. Elle fond vite en cette journée ensoleillée. Il semble que l’hiver en cours soit assez doux dans cette région du Japon. Le temple est composé de plusieurs niveaux avec des arrêts réguliers. La route est assez longue et pentue jusqu’au sommet mais l’air est relativement frais ce qui est plutôt agréable pour grimper. Une affiche signale qu’un ours a été vu en juin dernier et qu’il faut rester sur ses gardes. Idéalement il faut une clochette pour éviter de croiser leur chemin mais en principe ils n’ont pas de raison de s’approcher des humains.

Une pancarte donnant des explications sur les tengus, comme l'impression d'être dans un J-RPG grandeur nature !
Une pancarte donnant des explications sur les tengus, comme l’impression d’être dans un J-RPG grandeur nature !

Chaque année en octobre se tient sur cette montagne le festival du feu de Kurama (鞍馬の火祭り – Kurama no hi-matsuri). C’est par le biais d’un article de blog traitant de ce festival que j’ai entendu parler de Kurama pour la première fois il y a quelques années. L’ambiance doit être onirique à l’automne avec les feuilles commençant à roussir à l’entrée de la saison du momiji.

Après avoir gravi pas mal d’escaliers et plusieurs pauses ça et là nous arrivons sur le plateau central assez large où se tiennent plusieurs bâtiments dont le temple principal. J’y achète mon troisième goshuinchô (御朱印帖) pour environ 10 euros. J’en avais déjà parlé dans un article dédié, c’est un carnet permettant de collectionner les calligraphies des temples et sanctuaires du Japon tout en s’y faisant apposer un sceau à l’encre rouge (le fameux shuin qui signifie d’ailleurs mot pour mot « sceau rouge »). J’ai pris l’habitude de m’en procurer un à chaque voyage au Japon car c’est un objet très personnel et qui ne coûte pas si cher (10 à 20 € le carnet et 3 € pour chaque calligraphie). À la base plutôt dans les temples bouddhistes, de plus en plus de sanctuaires shintô en proposent. C’est une bonne idée de souvenir surtout prisé par les Japonais.e.s qui font la queue pour les fameuses calligraphies devant les yeux ébahis des touristes occidentaux se demandant ce qu’il se passe.

Ce plateau qui culmine à 584 mètres avec le temple principal Kurama-dera s’atteint en une petite heure en prenant vraiment son temps. La vue sur les forêts montagneuses de Kurama est superbe depuis le plateau principal du temple. Nous y restons un petit moment pour nous imprégner de l’ambiance, profiter de la vue et prendre quelques photos avant de continuer par le chemin le plus long de la randonnée qui descend par un autre versant.

Vue sur la montagne depuis le plateau central du temple de Kurama
Vue sur la montagne depuis le plateau central du temple de Kurama

Nous sommes arrivés par la gare de Kurama en bas à droite sur la carte, puis nous sommes allés en haut du temple Kurama-dera par le chemin sud-est et en sommes repartis par le nord-ouest dans la forêt vers la rivière et la route longeant le sanctuaire Kibune :

Le chemin est plus long et sinueux de ce côté pour descendre que celui menant à l’entrée du temple que nous avons emprunté en montant. Nous prenons notre temps pour nous arrêter à chaque étape, petit sanctuaire dans la forêt ou panneau. Il y a peu de personnes en sens inverse et même dans notre sens. La boucle est un peu plus longue de ce côté. Finalement nous arrivons en bas sur une route où se trouve un sanctuaire shintô assez important avec beaucoup « stands » comme à l’accoutumée dans ce genre de lieu de culte au Japon. Nous faisons un tour dans le sanctuaire. Sur le torii (portique rouge d’entrée) principal est indiquée l’inscription « première visite au temple/sanctuaire de l’année » (hatsumôde – 初詣) qui est une coutume encore fort répandue lors des premiers jours de l’année au Japon. Je fais une demande de calligraphie du sanctuaire pour mon shuinchô et l’on me met sur une liste d’attente. Nous en profitons pour aller manger un bout dans l’un des nombreux cafés que cache la route attenante.

L'entrée de l'un des sanctuaires de Kurama avec l'inscription Hatsumôde
L’entrée de l’un des sanctuaires de Kurama avec l’inscription Hatsumôde
Montée des marches jusqu'au sanctuaire
Montée des marches jusqu’au sanctuaire
Qu'est-ce qu'un omikuji ?
Qu’est-ce qu’un omikuji ?

Le kadomatsu (門松) est une décoration de nouvel an composée de pin et de bambou qui est exposée devant les maisons japonaises :

Le kadomatsu, l'un des symboles du nouvel an japonais
Le kadomatsu, l’un des symboles du nouvel an japonais

Nous prenons notre temps pour manger, faire une pause et discuter au calme en profitant du chauffage du café. Dehors il fait un peu frais mais relativement doux pour un mois de janvier. La température baisse malgré tout assez rapidement chaque jour et la nuit tombe très vite (aux alentours de 16 heures). J’ai pris un énorme pancake maccha (thé vert) azuki (pâte sucrée de haricot rouge) et un thé Earl Grey pour 1200 yens soit moins de 10 € en guise de repas du midi. Il faut bien avouer que cela nous a fait du bien après toute cette marche dans la forêt plutôt vallonnée. Nous repartons, je récupère ma calligraphie du sanctuaire Kibune (au total j’en ai eu pour 2300 yens soit environ 20 € pour le nouveau carnet et les deux calligraphies) et cherchons un moyen de rejoindre la gare. Elle est accessible en bus mais celui-ci passe dans un moment alors nous décidons de continuer de marcher par la route qui longe la rivière vers le sud pendant une bonne demi-heure (pas si loin finalement). Il nous faut reprendre le petit train de tout à l’heure mais à une autre gare du coup pour rejoindre le nord de Kyoto et reprendre le métro vers son centre. Cela nous prend un peu plus d’une heure malgré la distance pas si grande entre Kyoto et Kurama.

Une fois arrivés la nuit est déjà bien tombée. Il y a de l’animation autour de la gare de Kyoto comme d’habitude mais pas une effervescence urbaine incontrôlée et démesurée que l’on peut retrouver à Osaka ou à Tokyo. J’aurais aimé visiter le temple Tôji non loin de la gare mais il est trop tard (tant pis un autre jour !). Nous passons quand même non loin du temple Hongan-ji qui est également à quelques centaines de mètres. En 2010, six ans plus tôt, je logeais à quelques blocs de là dans un tout petit ryokan fort bien sympathique même si un peu vétuste. Nous retournons vers la gare en slalomant un peu entre les buildings et tombons sur une manifestation anti-nucléaire un peu par hasard qui me rappelle encore quelques souvenirs. Finalement nous reprenons un train (bondé) vers Osaka.

Vue sur Osaka depuis l'observatoire du Abeno Harukas
Vue sur Osaka depuis l’observatoire du Abeno Harukas
Dîner dans un restaurant du Abeno Harukas
Dîner dans un restaurant du Abeno Harukas

Pour terminer cette journée nous nous rendons à l’observatoire du plus haut gratte-ciel du Japon (et non bâtiment/tour) qui culmine à 300 mètres : le Abeno Harukas. Celui-ci a été inauguré en 2014 et est situé dans le quartier Tennôji. L’accès à l’observatoire n’est pas donné (1500 yens soit environ 12 €) mais la vue une fois en haut (et de nuit) vaut malgré tout le coût/coup pour profiter d’une vue panoramique de ce type au moins une fois dans son voyage. L’observatoire ferme à 22 heures, nous avons donc largement le temps. Il y a quelques animations sur les constellations projetées sur les vitres ainsi qu’une sorte de concert-spectacle qui se termine quand nous arrivons. Nous restons une petite demi-heure en contemplant la ville dans les quatre directions. Nous finissons enfin la soirée dans l’un des nombreux restaurants que compte la tour dans les étages inférieurs. J’y trouve même un repas entièrement végétarien avec notamment des algues mozuku d’Okinawa, un vrai régal. Finalement pour cette première journée du voyage je m’en tire avec une grosse tendinite au genou gauche pour cause de chaussures pas adaptées mais plein de bons souvenirs en tête. La suite des aventures dans le Kansai dans quelques jours avec le nouvel an !

Dépenses totales de la journée : 9641 yens (environ 70 €)
Nombre de pas total de la journée : 25504 (d’après le podomètre)

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